Posts Tagged ‘versus

27
Fév
09

beware of the otaku comedy !!

kovsko1

Konata Izumi versus Komugi Nakahara

Ces derniers temps, tous les nolife du pays ont fondu devant l’otakisme tranquille de Konata, la fascinante petite fanboy de Lucky Star qui fait timoteiPourtant, bien avant elle, une autre héroïne avait su porter haut les couleurs de l’otakisme ainsi qu’un humour geek ravageur : Nurse Witch Komugichan. Deux conceptions de la comédie pour fanboy s’affrontent. Let’s begin de gozaimasu !

Présentation (pour les nuls)

Nurse Witch Komugi-chan et Lucky Star sont deux animés réalisés par le même mec, héros des temps modernes, Yasuhiro Takemoto (il n’a pas réalisé les 4 premiers épisodes de LS), et développés notamment par le fameux studio Kyoto Animation (responsable de Suzumiya Haruhi no Yuuutsu).

NWK est un spinoff d’une banale série d’action, The SoulTaker, qui se focalise sur le personnage de Komugi, une lycéenne et une idole qui fantasme sur Kyousuke Date, héros de SoulTaker. Cette gamine est également une Magical girl complètement déjanté et irresponsable qui est censé sauvé le monde des virus !

Lucky Star est une série qui s’intéresse au quotidien d’une bande de lycéennes dont fait parti Konata. C’est une otaku surdouée, flemmarde et relativement cool. Elle tente en permanence de corrompre ses amies à ses passions et de les entraîner dans les méandres du true otaku spirit. Grand bien lui en fasse.

nkw1Opening/Ending

Autant le dire tout de suite : Lucky Star envoi du gros, du très très gros : son opening, Motteke! Sailor Fuku!, est devenu, à juste titre, cultissime. Pour plusieurs raison : d’abord la chanson en elle-même mêle adroitement niaiserie jap-pop et un refrain entraînant assez réussi. Ensuite, la chorégraphie des personnage, qui sonne comme une référence directe à l’opening du non moins cultissime Suzumiya Haruhi no Yuuutsu, est une vraie tuerie visuelle. Costumes (pompom girl inside), mouvement, animation : voilà de l’otakisme puissance 10. A tel point que le débat fait encore rage sur Youtube et les forums afin de déterminer si l’opening de LS détrône celui Suzumiya Haruhi no Yuuutsu.

Les premiers ending de la série sont, eux aussi, très réussis. Le concept est excellent, puisque le studio mise entièrement sur le son. On peut ainsi entendre Konata et ses copines dans un karaoké, interpréter des génériques de séries et autres chansons japonaises, alors qu’on aperçoit uniquement la porte fermée de leur salle. Le Chala-Head-Chala de Konata, qui vient clôturer le cinquième épisode, est magnifique.

A côté, l’opening de NWK fait plus classique, malgré des délires tout de même bien sympatoches, et une musique à la con qui restera dans les annales. La seconde version, qui apparaît seulement dans l’épisode 2.5, est la meilleure de la série, parce qu’elle pousse assez loin le délire kawaii/con et a des airs d’hallucination d’otaku agonisant sous LSD. Enfin, l’opening du second OVA NWK Magikarte Z est une sacré célébration de la culture japanime, multipliant les délires et références (Gunbuster, Gundam, Trappe Taupes, …).  Tous ces opening viennent saluer, par l’intermédiaire de la carotte géante, les vidéos animés légendaires des Daicon III et IV. Pas étonnant, puisque cet animé se revendique clairement de l’héritage de Gainax, même s’il rit parfois de la communauté otakus.

Référence bien trash à Keroro dans l'OVA Lucky Star.

NKW propose un sympatique générique de fin, avec une Komugi déguisée en Mugimaru qui danse et joue de la guitare, sur une musique toujours aussi débile (l’OST vaut le détour). Rien d’inoubliable toutefois.

Activités

En tant qu’idole, Komugi passe par toute sorte d’activités stupides. Du démarchage publicitaire déguisée en chaîne stéréo au concert devant une horde de nolifes transpirants, de la signature d’autographes en convention au travail de serveuse dans un cosplay café, Komugi n’épargne pas ses efforts pour faire tourner son agence. Tous ces petits boulots sont évidemment prétexte à porter un regard extérieur décalé et ironique sur la communauté otaku.

Konata, au contraire, incarne la fanbase, le reflet du spectateur. Elle lit des mangas, regarde des animes, joue à des jeux vidéo, et notamment à un MMORPG et traque les goodies rares. Ce qui ne l’empêche pas elle aussi de chanter (enregistre même un CD) et de travailler dans un cosplay café (décidément !). C’est sa connaissance poussée des univers et des pratiques geeks qui en font un médium parfait pour s’adresser à cette communauté.

waterbulletEntourage

La galerie de perso autour de Konata est frustrante. Oui frustrante. Parce que ses copines proches, que l’ont suit pendant tout l’anime, ont finalement beaucoup moins d’intérêt que les side characters qui apparaissent au fur et à mesure. Kagami Hiiragi et sa conne de sœur Tsukasa sont parfaites pour donner la réplique à notre lycéenne aux cheveux bleus quand il s’agit de mettre en valeur l’aspect dérisoire des passions de Konata. Mais assez rapidement, on sature du caractère franchement chiant de Kagami, et même l’adorable débilité de Tsukasa devient rasoir au bout du dixième épisode. Sans même parler de Miyuki, la belle fille aux atouts ravageurs qui cumule inexplicablement crasse niaiserie et remarquable intelligence (qui a dit « idéal féminin » ?) et fait franchement potiche la plupart du temps. D’ailleurs les rares foiselle dit quelque chose, on se rend compte qu’on en a rien à foutre. D’un autre côté, des personnages comme le père de Konata (lui-même otaku/stalker franchement barré), Patricia alias Patty (américaine et amie de Konata avec laquelle elle travaille et enregistre une chanson), Yuki (cousine de Konata et policière dévergondée) et encore Hiyori Tamura (otaku dessinatrice de doujin et indécrottable perverse), ajoutent vraiment aux situations et dialogues. On termine donc les 24 épisodes frustré : pourquoi ne peut-on pas voir un concert de Konata et Patty ? Pourquoi ne suit-on pas Hiyori dans la fabrication d’un de ses doujin et de sa vente ? Pourquoi ne voit-on pas Yuki foirer une enquête pour une raison débile ? Pourquoi ne voit-on pas le papa de Konata engagé dans une course poursuite avec les flics qui veulent l’arrêter pour atteinte à la pudeur ? Pourquoi ? POURQUOIIII ?

Komugi n’est pas beaucoup plus chanceuse. Les idoles avec lesquelles elle travaille sont aussi ses collègues de classes (pas de chance!). Et pas une n’a vraiment d’intérêt d’un point de vue geek (le physique mis à part évidemment), exceptée peut-être la petite psychopathe, Runa Tokisaka. Cette idole à l’apparence d’enfant est en fait un esprit cynique et calculateur qui utilise froidement son potentiel kawaii pour se faire du pognon, tout en haïssant secrètement ses rivales. Malheureusement, ce perso est très peu runaexploité. Shiro Mibu, le manager de Komugi, a l’apparence et le caractère d’un rescapé de la guerre ou d’un homme marié trois fois. Bizarre donc qu’il ne se révèle être qu’un banal manager comme les autres, et même plutôt sympa au final. Celui qui vient relever un brin le niveau,  c’est la mascotte Mugi-Maru, petite chose informe (comme toutes les mascottes), qui ne sait jamais trop ce qu’il fout là et se révèle être gros pervers. L’adversaire de Komugi, Magical Maid Koyori, apporte également son petit plus piriglioni à l’ensemble, avec ses tournures de phrase à la « degoseimasuwane », le rire qui va avec et surtout ses idées débiles pour attaquer la planète.
Mais décidément, j’en ai soupé des stéréotypes de pouffes, au choix, arrogantes et agressives ou débiles et ataviques, qu’on nous refile jusque dans une parodie ! A croire que ces deux espèces pullulent dans l’imaginaire des studios d’animation nippons, ce qui laisse deviner un certain manque de nuances dans leur conception des femmes.

Comique

Tout le génie (ne mâchons pas les mots) de NWK apparaît dans les scènes d’action complètement démesurées. Le script et les péripéties de l’infirmière magique sont définitivement placés sous le signe du « /random ». Nul doute que le staff derrière ce déluge d’abstractions otakisantes sans nom en avait de la bonne sous la main, et mon flair me dit que l’épisode 2 n’a pas pu être écrit sans l’apport incontestable d’Big cytron, le mécha otak par excellence.un cocktail de drogues dures ukrainien ou après trois jours ininterrompus de Puyo-Puyo Pop Fever.
Dans le premier épisode, MMKoyori, pour détruire le monde, décide d’infecter Kaneda, un otaku de la classe de Komugi. Celui-ci se met alors à balancer super vite des tonnes de dessins en ASCII sur le forum de 2chan, ce qui permet au virus de rassembler du pouvoir (oui, oui, WTF, je sais) jusqu’à ce que le virus soit prêt à passer à l’attaque. Et alors, un gigantesque dessin en ASCII se matérialise en plein Akihabara et transforme tout le monde en smiley en criant « Copier-coller ». Ceux- ci font des délires de forumeurs attardés du genre : « Aller on crée un topic sur les petits seins !! » en voyant Komugi arriver.
Le second épisode surpasse toutes les attentes que l’on pouvait légitimement avoir après ce premier jet prometteur. L’épisode se déroule au comiket, tous les otakus présents sont zombifiés par un doujinshi maudit, le Tokyo Big Sight (le fameux bâtiment de l’île d’Odaiba qui accueil le comiket depuis 1996) se voit transformé en mécha géant (avec des wagons de métro pour faire les bras !) et notre héroïne part dans un délire indescriptible et suicidaire afin d’en venir à bout. LEGENDARY ! Avec NKW, l’humour par l’absurde prend tout son sens, et on en redemande. Le déluge de références et autres clins d’oeils est impressionnant : c’est simple ça n’arrête pas ! Quasiment un plan sur deux recelle une petite boutade, pas forcément évidente pour les profanes et les non-japanophiles qui ne savent pas ce qu’ils manquent.

Le comique de LS est au moins aussi hermétique. Il prend le parti inverse d’un NWK, en tirant son humour de situations banales du quotidien de nos petites lycéennes. Le premier épisode, avec son dialogue interminable sur la manière de manger leur gâteau fourré au chocolat, viendra d’emblée déblayer le public. Seul l’otaku pénitent pourra le passer. Ceux qui y survivent se révèleront digne d’accéder à la suite de la série. Et j’avoue avoir été à deux doigts de me rouler un buzz de regarder un épisode de Naruto à la place. Quelle erreur ! C’est en Ce gars est un vendeur de manga et DVD.persévérant, en s’acharnant malgré l’ennui, la souffrance de garder les yeux ouverts, que l’on peut accéder au vrai bonheur ! Parce qu’un bon anime, c’est comme une montagne, … euh non. On se surprend en fait assez rapidement à sourire, puis à rigoler franchement quand Konata expose ses stratégies de geek sur la façon d’acheter ou de lire un manga, quand elle correspond online avec son prof, ou quand elle fait des parallèles douteux entre le réel et ses fantasmes. Il y a de véritable moment de grâce en terme de dialogue. Mais les meilleures scènes restent incontestablement celles qui impliquent la DENSETSU SHOUJO “A” (LEGENDARY GIRL A). Ces scènes, outre la qualité de l’animation soudainement revue à la hausse, sont de pures gags d’otaks hardcore bourré aux amphét’. Les personnages qui prennent un design oldschool, les effets visuels d’excellentes factures, les réactions surexagérées, rendent ces sketchs absolument mythiques. L’idée derrière ces personnages de vendeurs passionnés vient d’une publicité animée par Gainax pour un magazin appelé Animate et diffusée en 2002. On se prend à rêver d’une série d’OAV intitulée Tenchou Toppa Densetsu Shoujo « A »!, entièrement consacrée à la vie quotidienne de ces vendeurs, pros ou amateurs, qui luttent pour attirer l’attention de cette otaqueen.

En résumé, Lucky Star a un potentiel comique gigantesque, mais sous-exploité au profit d’une forme d’humour ordinaire et kawaii inspiré d’Azumanga Daioh et que peu arriveront à supporter durant des épisodes entiers. Parce que, tout fanboys que nous sommes, la vie quotidienne de lycéennes, certes très miTenchou poursuit Konata jusque dans un mmorpg.gnonnes, ça fait léger comme sujet pour un anime de 24 épisodes. Tout ça manque cruellement de dynamisme, d’actions, de trash (le trip kawaii 100% du temps, c’est usant) et d’enjeux. Néanmoins, LS contribue de manière originale à valoriser, sans idéaliser, la culture otaku.

NWK, quand à lui, démontre que c’est dans la démesure et l’exagération des codes de la culture otaku que l’on puise le meilleur en terme d’humour. C’est con, c’est hystérique, c’est bourré de références, ça se moque gaiement de l’industrie de l’animation nipone et on ne s’en lasse pas. Le point de vue exterieur à la communauté otaku (puisque Komugi n’est pas otak’) montre tout de même clairement ses limites quand au traitement de l’otakisme, et ce manque de profondeur pourra en lasser certains. Dommage que des tentatives presque poignantes, comme celle de la fin de l’épisode un, où Komugi rend visite à un nolife et tente de dialoguer avec lui alors qu’il chat sur un forum, ne soient pas plus développé dans la suite de la série.

Ces deux animés sont révélateurs de la distance prise par les otakus sur leur propre culture, dont ils sont aujourd’hui capables de rire. Lucky Star marque en ce sens un net progrès, car il montre le quotidien d’une otaku hardcore qui a une vie, des amis, et ne s’en porte pas plus mal. Pour autant, une bonne comédie a aussi besoin de profondeur par moment, et cela fait toujours défaut. Je reste persuadé que dans le domaine de la comédie otakisante, tout reste encore à inventer ! Un humour qui soit capable de saisir le côté habituel de l’otakisme tout en faisant preuve de caricature bien dosée et d’action déjantée, sans oublier de diffuser une vraie réflexion sur le fond de cette culture et le malaise social qui en est à l’origine.

Ganbare !

Une petite chanson, pour la route.




noliferad micromusic goto80 sh4ev sh4ev