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Oct
09

Observatoire des ténèbres rampantes

fcoffice

MAJ du 8 octobre :

Article intéressant du Monde, bien que ne présentant le problème, une nouvelle fois, que sous un angle purement sociologique (en journalisme, on ne parle que économie ou sociologie, on ne mélange pas les deux, et on ne prend jamais de recul par rapport à ces analyses) :

Pourquoi les jeunes sont-ils les premiers touchés lors des crises en France ?

Eric Morin :L’attachement d’une société aux statuts et aux rangs a pour contrepartie la relégation des nouveaux arrivants. Or, les nouveaux arrivants, ce sont les jeunes. Avant de s’assurer une place sur le marché du travail et dans la société, ils ont toujours dû patienter. Le paradoxe est qu’une fois arrivés au pied de l’échelle sociale, les jeunes eux-mêmes défendent ce système. C’est ainsi que j’analyse le refus du CPE en 2006 : les jeunes ne voulaient surtout pas qu’on dévalue ce qu’ils cherchaient tant à obtenir.

Et encore :

Louis Chauvel : A de nombreux points de vue, on mesure de plus en plus de jeunes dont le niveau de vie n’a pas progressé, bien au contraire, par rapport à la génération précédente.

Le problème, c’est que ces difficultés ne sont pas simplement des effets d’âge – les jeunes vont plus mal –, ce sont des effets de génération, c’est-à-dire qu’une mauvaise entrée dans la vie adulte a des conséquences sur la très longue durée.

Les jeunes qui ont connu des bas salaires, de faibles niveaux d’emploi, qui ont connu le chômage à leur entrée tardive dans la vie adulte après de longues études, peineront à trouver un niveau de retraite décent dans les prochaines décennies.

Autre article, plus intéressant encore, traitant du sujet géopolitique majeur de ce siècle : la fin du pétrole bon marché.

Q › Pourquoi sommes-nous si mal préparés face à ce qui s’en vient? Manquons-nous d’information?
R ›
Je ne crois pas. Toutes les autorités crédibles s’accordent à dire que les réserves de pétrole seront complètement épuisées d’ici à la fin du XXIe siècle. Si l’on ne s’inquiète pas davantage, c’est qu’on s’imagine que la technologie et les marchés nous sauveront.

C’est ce que j’appelle la pensée magique. Habituellement, ce terme s’applique aux enfants! Mais il est évident que nos sociétés modernes s’appuient sur un nombre exorbitant de rêves, d’illusions et de fantasmes. Mais nous sommes incapables de faire face à la réalité. Nous n’arrivons pas à croire que 200 ans de modernité peuvent être balayés par une pénurie mondiale d’énergie.

On m’a reproché, çà et , d’exposer dans mon blog et mes commentaires une vision des choses désespérée, pessimiste et déconnectée de la réalité. De telles reproches, surtout au vue de mes deux derniers billets, ne semblent peut-être pas sans fondements. Néanmoins, qu’on me permette d’expliquer mon point de vue.

Mon effort vise, pour reprendre les mots de feu Philippe Muray, à « réintroduire le négatif pour montrer que lorsqu’on l’évacue, on ne peut plus rien comprendre« . Soyons réalistes et lucides sur notre condition : nous sommes coincés, par une inertie effroyable, derrière nos écrans d’ordinateur, les mains poisseusement englués à nos claviers. Nous passons d’animés en jeux vidéos, de jeux vidéos en films, et de films à internet. Ce que nous recherchons, au fond, le savons-nous nous-même ?

Pourquoi internet et les loisirs numériques nous attirent-t-ils avec autant de force ? On me rétorquera à raison, que nous faisons cela par plaisir. Mais les plaisirs du réels devraient, en théorie, être plus forts, plus puissants, plus attirants car plus vrais.

Certaines œuvres nous parlent plus que d’autres. Des consensus s’installent, des animés, des films, des jeux vidéo, déclenchent parfois des torrents d’enthousiasmes et d’énergie, que les normalfags prennent pour de la beaufitude. Qu’y a-t-il dans ces divertissements pour soulever une telle adhésion ? Qu’est-ce qui fait d’Evangelion un mythe, une révolution audiovisuelle ?

Ces œuvres expriment un malaise social profond, une incompréhension insurmontable de la norme et la question récurrente de notre identité. Qui sommes nous, dans ce marasme, dans ce chaos qu’est l’ordre moderne ? Est-il normal de souffrir d’un système dont tous nos proches semblent se satisfaire ? Nous ressentons une douleur sourde, qui n’est peut-être pas toujours consciente, mais qui nous amènent, en flots toujours plus gros, dans les filets de la toile. Le virtuel paraît tellement plus cohérent, plus sincère, plus vrai, et on y trouve tellement plus, au final, que dans la vie réelle, qu’on y construit une vie entière, et ce, de plus en plus tôt et de plus en plus assidûment.

On parle de nous dans la presse du jour.

J’aime bien leur phrase d’introduction « C’est l’élite d’une génération qui trinque« . Sans me sentir membre d’une « élite » (à part, peut-être, celle des connaisseurs d’Eva et de Gainax en général… non mes chevilles vont bien), j’ai vraiment le sentiment que notre génération, et spécialement ceux qui ont le plus de choses à apporter à la société, est traitée comme de la bouse.

Tous ces jeunes qui ont fait le choix de n’être pas des « requins », de ne pas succomber aux sirènes des marchés, de la mode, de l’avidité, qui nous susurrent leurs refrains entêtants depuis qu’on est gamins, deviennent les victimes d’un système carnassier qui n’accorde aucune valeur à ce qu’ils ont de plus cher. Vous savez, ces vieilles valeurs traditionnelles dévaluées et ringardes que sont le désintéressement, la créativité, la passion, le savoir-faire, l’altruisme, etc. Seuls les plus agressifs, qui montrent un appétit immodéré pour l’argent, qui sont prêts à bouffer les autres pour réussir, qui sont « motivés » par l’augmentation exponentielle du profit de l’entreprise au détriment du respect des hommes qui la compose, auront une chance de dégoter la carrière de leur rêve.

Mais le plus grave, c’est que ces jeunes, ces bonnes âmes piétinées, ne pensent majoritairement pas qu’ils sont l’objet d’un scandale.

« Paradoxalement quand ils évoquent l’avenir, 83 %, qu’ils soient en poste ou en recherche, sont confiants. Ils n’ont pas conscience de faire partie d’une génération sacrifiée et oublient qu’en juin 2010 c’est une autre cohorte de 400 000 diplômés qui arrivera sur le marché du travail.

Que la reprise soit ou non au rendez-vous, certains risquent de rester sur le carreau dans un pays qui fait d’abord porter à ses jeunes les dysfonctionnements de son marché du travail. »

Tout est dit. Ce n’est pas moi qui délire (je ne suis pas fou HA HA HA  !). Je ne suis pas en train de psychoter, de me battre contre des moulins, de projeter ma paranoïa sur le reste du monde. Les faits sont là. On se fait bouffer, et on en redemande. Nous sommes à ce point conditionnés à croire que valoriser le gain matériel au détriment de la vie humaine est légitime, que nous sommes convaincus que le chômage, les emplois précaires, ne sont destinés qu’aux faibles, aux misérables. Nous sommes persuadés que l’avenir sera meilleur, parce que nous avons une foi irraisonnée en la croissance économique, parce qu’on nous a appris que le PIB est destiné à augmenter indéfiniment, et que rien ne nous fait plus plaisir que la vision d’une petite flèche verte à côté de l’acronyme « CAC40 ». Oui, c’est certain, notre tour viendra. Tôt ou tard, ce sera nous qui pourrons profiter du système, qui auront la plus grosse part du gâteau, qui empêcherons les autres, les plus faibles, les jeunes, d’accéder à un revenu correct.

Ça ne m’intéresse pas. La course à la connerie s’arrêtera sur le pas de ma porte. Je suis un herbivore et les hallucinations de mes parents ne m’atteignent pas. Je ne veux pas de carrière. Je ne désire pas une voiture neuve tous les cinq ans, ni un logement secondaire, ni me mettre à la remorque du train des modes qui ne cesse d’accélérer. Je ne veux pas contribuer, par un mode de vie démesuré et égomaniaque, à la destruction d’une planète que j’aime, et je ne désire pas davantage me faire le bourreau de mes semblables.

Et quand, dans quelques dizaines d’années, ce sera à moi de m’adresser aux plus jeunes, je veux pouvoir leur dire « profitez de la vie », et non pas, comme on m’a perpétuellement commandé de le faire : « profite des autres ».

On m’a reproché, çà et là, d’exposer dans mon blog et mes commentaires une vision des chosesdésespérée, pessimiste et déconnectée de la réalité. De telles reproches, surtout au vue demes deux derniers billets, ne semblent peut-être pas sans fondements. Néanmoins, qu’on me

permette d’expliquer mon point de vue.

Mon effort vise, pour reprendre les mots de feu Philippe Muray, à « réintroduire le négatif

pour montrer que lorsqu’on l’évacue, on ne peut plus rien comprendre ». Soyons réalistes et

lucides sur notre condition : nous sommes coincés, par une inertie effroyable, derrière nos

écrans d’ordinateur, les mains poisseusement englués à nos claviers. Nous passons d’animés en

jeux vidéos, de jeux vidéos en films, et de films à internet. Ce que nous recherchons,au

fond, le savons-nous nous-même ?

Pourquoi certaines oeuvres nous passionnent-elles tellement ? Pourquoi internet nous

attire-t-il avec autant de force ? On me rétorquera à raison, que nous faisons cela par

plaisir. Mais les plaisirs du réels devraient, en théorie, être plus forts, plus puissants,

plus attirants car plus vrais.

Nous sommes attirés par certaines oeuvres plus que d’autres. Des consensus s’installent, des

animés, des films, des jeux vidéo, déclenchent parfois des torrents d’enthousiasmes et

d’énergie, que les normalfags prennent pour de la beaufitude. Qu’y a-t-il dans ces

divertissements pour soulever une telle adhésion ? Qu’est-ce qui fait d’Evangelion un mythe,

une révolution audiovisuelle ?

Ces oeuvres expriment un malaise social profond, une incompréhension insurmontable de la

norme et la question récurente de notre identité. Qui sommes nous, dans ce marasme, dans ce

chaos qu’est l’ordre moderne ? Est-il normal de souffrir d’un système dont tous nos proches

semblent se satisfaire ? Nous resentons une douleur sourde, qui n’est peut-être pas toujours

consciente, mais qui nous amènent, en flots toujours plus gros, dans les filets de la toile.

Le virtuel paraît tellement plus cohérent, plus sincère, plus vrai, et on y trouve tellement

plus, au final, que dans la vie réelle, qu’on y construit une vie entière, et ce, de plus en

plus tôt et de plus en plus assidûment.

On parle de nous dans la presse du jour :

http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/10/02/les-jeunes-diplomes-peinent-a-s-inserer-prof

essionnellement_1248150_3224.html

J’aime bien leur phrase d’introduction « C’est l’élite d’une génération qui trinque ». Sans me

sentir membre d’une « élite » (à part, peut-être, celle des connaisseurs d’Eva et de Gainax en

général… non mes chevilles vont bien), j’ai vraiment le sentiment que notre génération, et

spécialement ceux qui ont le plus de choses à apporter à la société, est traitée comme de la

bouse.

Tous ces jeunes qui ont fait le choix de n’être pas des « requins », de ne pas succomber aux

sirènes des marchés, de la mode, de l’avidité, qui nous susurrent leurs refrains entêtants

depuis qu’on est gamins, deviennent les victimes d’un système carnassier qui n’accorde aucune

valeur à ce qu’ils ont de plus cher. Vous savez, ces vieilles valeurs traditionnelles

dévaluées et ringardes que sont le désintéressement, la créativité, la passion, le

savoir-faire, l’altruisme, etc. Seuls ceux les plus agressifs, qui montrent un appétit

immodéré pour l’argent, qui sont prêts à bouffer les autres pour réussir, qui sont « motivés »

par l’augmentation exponentielle du profit de l’entreprise au détriment du respect des hommes

qui la compose, auront une chance de dégoter la carrière de leur rêve.

Mais le plus grave, c’est que ces jeunes, ces bonnes âmes piétinées, ne pensent

majoritairement pas qu’ils sont l’objet d’un scandale.

« Paradoxalement quand ils évoquent l’avenir, 83 %, qu’ils soient en poste ou en recherche,

sont confiants. Ils n’ont pas conscience de faire partie d’une génération sacrifiée et

oublient qu’en juin 21010 c’est une autre cohorte de 400 000 diplômés qui arrivera sur le

marché du travail.

Que la reprise soit ou non au rendez-vous, certains risquent de rester sur le carreau dans un

pays qui fait d’abord porter à ses jeunes les dysfonctionnements de son marché du travail. »

Tout est dit. Ce n’est pas moi qui délire. Je ne suis pas en train de psychoter, de me battre

contre des moulins, de projeter ma paranoïa sur le reste du monde. Les faits sont là. On se

fait bouffer, et on en redemande. Nous sommes à ce point conditionnés à croire que valoriser

la gain matériel au détriment de la vie humaine est légitime, que nous sommes convaincus que

le chômage, les emplois précaires, ne sont destinés qu’aux faibles, aux misérables. Nous

sommes persuadés que l’avenir sera meilleur, parce que nous avons une foi irraisonnée en la

croissance économique, parce qu’on nous a appris que le PIB est destiné à augmenter

indéfiniment, et que rien ne nous fait plus plaisir que la vision d’une petite flèche verte à

côté de l’acronyme « CAC40 ». Oui, c’est certain, notre tour viendra. Tôt ou tard, ce sera nous

qui pourrons profiter du système, qui auront la plus grosse part du gâteau, qui empêcherons

les autres, les plus faibles, les jeunes, d’accéder à un revenu correct.

Ça ne m’intéresse pas. La course à la connerie s’arrêtera sur le pas de ma porte. Je suis un

herbivore et les hallucinations de mes parents ne m’atteignent pas. Je ne veux pas de

carrière. Je ne désire pas une voiture neuve tous les cinq ans, ni un logement secondaire, ni

me mettre à la remorque du train des modes qui ne cesse d’accélérer. Je ne veux pas

contribuer, par un mode de vie démesuré et égomaniaque, à la destruction d’une planète que

j’aime, et je ne désire pas davantage me faire le bourreau de mes semblables.

Et quand, dans quelques dizaines d’années, ce sera à moi de m’adresser aux plus jeunes, je

veux pouvoir leur dire « profitez de la vie », et non pas, comme on m’a perpétuellement

commandé de le faire : « profite des autres ».


15 Réponses to “Observatoire des ténèbres rampantes”


  1. 1 lupin
    octobre 4, 2009 à 08:23

    Tu dis que tu ne veux pas de carrière, de voitures neuves tous les 5 ans et de résidences secondaires mais soyons fou 30 secondes et imaginons qu’un inconnu sonne a ta porte et te propose un poste de manager chez google, 3 voitures de fonction (des ferrari) et des résidences secondaires aux quatres coins de la planète ! Le tout comme ça sans rien faire, juste parce que ta tête lui plait bien.

    Honnêtement, tu lui craches a la gueule ?

  2. 2 lupin
    octobre 4, 2009 à 08:41

    Et franchement, il faut arrêter de croire que pour réussir une belle carrière et réaliser ses rêves il faut obligatoirement marcher sur les autres et être un enfoiré sans âme. Il suffit de voir où sont arrivés des types comme Danny Choo ou bien Joi ito, qui sont des modèles d’humanité, pour s’en rendre compte.

  3. octobre 4, 2009 à 17:43

    Lupin> et pourquoi pas avoir aussi fait appel à l’argument du « et si tu trouvais une lampe d’Alladin? », tant que tu y es?
    C’est très fallacieux, comme raisonnement. Là, on parle du principe de travailler par épanouissement personnel, par pure envie de s’occuper, de contribuer à sa société et rendre service à l’autre, pour s’abriter du besoin et parfaire son savoir-faire, et que tout autre raison, restriction ou contrepartie sont aliénants et ne peuvent que nous mener à notre perte.

    Je vais reprendre ton argument pourri (désolé, mais je le trouve honnêtement pourri): imaginons qu’un inconnu sonne a ta porte et te propose un poste de manager chez google, 3 voitures de fonction (des ferrari) et des résidences secondaires aux quatres coins de la planète ! Le tout comme ça sans rien faire, juste parce que ta tête lui plait bien.
    Et bien si il n’y a rien à faire et qu’on ne fait de mal à personne, évidemment que tu accepte! C’est un fantasme de gamin de 12 ans, ton truc!
    Maintenant, rajoute à cela « on ne t’obligeras juste qu’à t’assoir sur des immigrés mexicains au lieu de prendre une chaise ou un fauteuil et de saigner un bébé phoque avant le repas et tu pourras rester comme ça toute ta vie ».
    Maintenant tu la sens, ton niveau de discussion?

  4. octobre 4, 2009 à 17:47

    Désolé pour ton énervé en réponse à ton propos, mais je cherchais en fait à plus déferrant qu’autre chose. No offense.

  5. octobre 4, 2009 à 17:53

    Il faut aussi se rendre compte que d’un point de vue global, il n’y a pas assez de ressources sur Terre pour que tout le monde puisse vivre à la manière d’un occidental.

    Et même en optimisant au maximum, grâce au bon sens et à la technologie les ressources, reste que ces ressources seront insuffisantes pour que chaque foyer puisse posséder une voiture par exemple.

    En bref, quand toi tu as une caisse, c’est que quelqu’un d’autre ne peut pas l’avoir. Donc tu lui prends, parce que pour le moment tu es plus fort grâce à ta naissance dans un pays dit développé.

    De même, l’argent est limité à chaque instant T. Ainsi plus ta part est importante plus tu en prives les autres. (Et plus tu auras d’argent plus tu pourras en avoir, ce qui entraine un cycle bien pourri comme on peut le constater actuellement et depuis quelques dizaines d’années voire depuis toujours.)

    Être riche c’est immoral du moment que l’on considère qu’il est immoral que des gens meurent de faim. Tant pis pour la tranquillité d’esprit des gens qui gagnent 100 000€ l’an.

    Le tout c’est de décider si on mérite ou non d’avoir plus que les autres. Certains sont persuadés que oui. Certains pensent que pour faire plaisir à leur proches ils peuvent supporter l’idée que des gens meurent de faim à cause d’eux et des personnes ayant la même attitude. Après il faut l’assumer.

    Mais j’ai franchement du mépris pour celui qui ne se pose même pas la question de savoir d’où provient sa caisse. D’où provient son PC. Toutes ces choses de la modernité qui ne peuvent être donnés à l’ensemble de la population. (parce qu’il n’y a pas assez de matériaux de base, parce que les gens ne veulent pas partager malgré des parts exponentiellement supérieures à celles de leur voisin).

    Après je comprends, c’est le discours moderne. Chacun pour sa gueule et si tout le monde s’en donnait la peine tout le monde pourrait avoir la même chose, ce qui est faux. (Pour pleins de raisons humaines déjà, mais aussi pour les raisons matérielles évoquées plus haut.)

    Tout est limité sur Terre. Et notre science est bien loin de pouvoir assurer un niveau de vie correcte à partir des énergies renouvelables. Sans parler de tout ce qui nécessite un support physique (le plastique => pétrole, certes on peut en faire différemment. Mais c’est plus cher, plus compliqué, et on a bien moins avancé dans le domaine. Et il est nécessaire de disposer d’une autre matière qui elle aussi sera limitée, le métal est absolument indispensable à l’ère numérique et le métal est aussi fortement limité. Et les énergies non renouvelables pareil, limité.)

    Désolé pour le pavé, mais des fois il faut rappeler les bases que notre société par son côté chrétien et hypocrite tente de nous faire oublier parce qu’elle ne peut concilier les messages qui la constitue.

    Marrant qu’un pays comme les USA soit constamment en train de parler d’un dieu quand on connait leurs habitudes de consommation ! Il faut bien des théories pour faire oublier que leur dieu n’aime pas les égoïstes. (J’avais noté assassins, ce qui est vrai, mais trop indirect pour être assimilé par nos cerveaux sans causer un rejet puisque dans une mesure moindre nous le sommes aussi.)

    Oui, ça à l’air radical. Mais qu’on des personnes meurent faute d’accès à de l’eau potable ou à de la nourriture en quantité suffisante, alors que ça pourrait être très facilement évité grâce à la technologie actuelle. (Bordel on sait créer de l’eau à partir de roche lunaire ! Alors purifier de l’eau et créer des réseaux, c’est quand même pas si difficile.) C’est la meilleure preuve de mon propos quand aux problèmes humains.
    En ce qui concerne les quantités limitées de matériaux, c’est plus compliqué disons que l’utilisation qui en est faite par les « riches » est futile alors qu’elle pourrait être utilisée plus pratiquement pour les populations qui en sont privées. (Ce qui rend le truc encore plus ignoble)

  6. octobre 4, 2009 à 18:00

    Brrr c’est bourré de fautes. Sorry…

    (et je me suis fait doubler par Sonocle, mais on ne dit pas exactement la même chose, donc ça va)

  7. 7 brotch
    octobre 4, 2009 à 18:19

    Merci, Sonocle, de ta mise au point bienvenue. De plus, je parle en connaissance de cause : j’ai vraiment saisit des opportunités où il y avait beaucoup de compétition, parfois au mérite, parfois au piston. Je l’ai regretté à chaque fois. Non seulement on prive d’autres personnes d’un poste, mais ce fait vous est constamment rappelé au sein de l’entreprise, par des pressions manageriales ou une compétition interne, qui vous fait sentir à quel point vous êtes dispensables. Le rapport de force est tellement favorable à l’entreprise, vu le nombre de chômeurs qui poussent à la porte, que la valeur humaine, la valeur du personnel en tant qu’humains, est réduit à rien.

    Pour réussir, il faut non seulement réussir à supporter cette pression, l’idée qu’on ne vaut pas davantage que le profit qu’on rapporte à l’entreprise, mais il faut aimer ça, il faut désirer la compétition, le stress, les rapports hiérarchiques. Il faut, consciemment, volontairement, chercher à dominer l’autre. Il n’y a pas de demi-mesure dans la guerre économique : soit l’on marche sur les cadavres, soit on devient le cadavre sur lequel on marche. L’image peut paraître crue, mais il faut comprendre que l’économie remplace aujourd’hui le rôle des guerres politiques et des conflits sociaux : elle est devenue le terrain où s’exerce exclusivement la violence. Une violence sourde, psychologique, qui broie les hommes sur l’autel de la victoire : la croissance, l’augmentation du bénéfice. La mondialisation libérale, entamée après la seconde guerre mondiale (constitution de l’Europe, plan Marshall, développement foudroyant de l’import/export, fin de la colonisation…), n’a jamais eu d’autres objectifs que de mettre fins aux guerres armées en occupant les hommes à guerroyer économiquement.

    Plus ça va, plus je me dis que les chômeurs qui arrivent à vivre en travaillant la moitié de l’année, ont une qualité de vie plus élevée que ceux qui travaillent tout le temps et sont pressés jusqu’à la moëlle par leur boite, quelque soit leur revenu.

    Ensuite, Putois Putassier évoque à raison la répartition des richesses : est-il normal que quelques fortunes particulières dépassent à elles seuls le PIB des quarantes pays les plus pauvres ? Un homme seul peut-il valoir davantage qu’un pays tout entier ?

  8. 8 Tama
    octobre 8, 2009 à 11:53

    Au sujet du deuxième article, le livre de Baudrillard « La Société de Consommation » parle très bien de cette pensée magique, cette croyance que la modernité nous épargne toutes les difficultés, et que tout ce que l’on possède coule de source.

    Et puis le fait que nombre de jeunes ne trouve pas la situation grave concernant leur avenir, en dit suffisamment long sur le succès d’une éducation qui donne la nausée…

  9. 9 Méta-Bernacle
    octobre 9, 2009 à 22:52

    Les « herbivores » peuvent aujourd’hui s’épanouir pleinement grâce à internet. Or, à qui doit-on internet ? A des décennies de concurrence « carnassière » entre « aliénés du travail », qui a finalement permis de rendre une connexion ADSL illimitée abordable. Ironique, isn’t it ?

    • 10 brotch
      octobre 10, 2009 à 09:03

      Intéressant point de vue. Tu penses que les herbivores ne sont pas des produits de la société moderne, mais simplement un pourcentage constant d’individus, que toutes les sociétés ont toujours produit, auquel la société moderne donne les moyens de vivre ainsi que de s’exprimer.

      Une telle hypothèse ne tient pas la route néanmoins, puisque cette nouvelle catégorie de personnes « malades », aliénés, n’émerge qu’en réaction aux conditions de vies moderne. Sans chômage de masse, sans respect excessif des rangs, sans compétition économique exacerbé, sans la pensée matérialiste, historiquement récente, l’herbivore n’a aucune raison d’exister. Pourquoi ne pas nourrir d’ambition ou de passion pour le travail, si celui-ci apporte effectivement davantage de gratifications et de satisfactions que de souffrance (la souffrance psychologique, rappelons-le, est devenue la première maladie du travail) ? Pourquoi refuser d’adhérer au culte de la consommation, si celui-ci amène réellement un bonheur complet et ne nuit pas à la planète dans son ensemble ? Pourquoi se défier de la société, si celle-ci aime ses enfants et donne à chacun un rôle et un sens ?

      Je ne suis pas masochiste tu sais. Et tu as tort : internet n’est pas un lieu d’épanouissement ou d’accomplissement. Ce n’est qu’un refuge, un lieu où chacun peut exprimer ce qu’il pense et ressent, sans le payer par une pression sociale encore plus forte. Et internet n’est pas né dans l’entreprise moderne, mais dans le cadre de la seconde guerre mondiale, pour ensuite être développé dans le réseau des Universités américaines. Cela ne change rien : je ne renie pas la technologie, mais seulement l’usage qui en est fait, et constate les effets néfastes qu’elle peut avoir sur l’homme.

  10. novembre 21, 2009 à 19:45

    Toujours des textes sympathiques à lire mon petit brotch, mais peut être un peu trop engagé dans un certain sens.

    Déjà cette idée du chômage soulevée me fait doucement rire, ironie diront nous, vu que le « chômage » en lui même ne s’applique qu’aux personnes en demande d’emplois. Exit donc les malades (physiques ou mentaux), les jeunes, les vieux, les dilettantes.La ou ca devient sacrément corrosif dans notre vie courante c’est qu’on te fait bien comprendre que tu as intérêt à être dans la première catégorie et pas dans une autre, sinon TU es un parasite. Nous sommes d’accord que c’est un point de vue un peu merdique. Mais ensuite il faut regarder les différences, même simple, entre eux : un chômeur avec son bac (voir sans) et une personne ayant fait des études supérieurs, ça change déjà la donne. Une personne avec bac+5 est au chômage du faite du manque de place, une personne avec un simple bac est au chômage parce qu’entre tirer des palettes et récurer des chiottes c’est pas bézef. Après, point de vue personnel ce ne sont pas forcément les plus à plaindre, comme tu dis.

    Au niveau des ressources, il faut faire attention aussi : beaucoup de grandes dépenses pour rien, de rejet de produits pour des raisons X ou Y. L’économie mondiale étant légèrement (je suis gentil) viciée, ca tourne aux déraisonnable sans que personne n’y fasse rien. La question du pétrole est plus gênante, du faite que le peu d’amélioration s’explique par le peu d’envie de changer la situation. « Si tout va bien, pourquoi changer ? » pourrait être le crédo des chefs d’entreprises et compagnies. On rejoint le problème des sousous mais d’une autre manière.

    Tama : La par contre je m’insurge pleinement sur ce point de vue. Je vois mon propre avenir d’une manière sympathique parce que je suis plutôt bon vivant et que je ne me soucie pas beaucoup des tristes coups du sort (et puis, dans le fond, je suis toujours en vie), mais par contre je serais plutôt enclin à prendre peur pour l’avenir en général, et pas juste mon petit cul rose.

    • 12 brotch
      novembre 26, 2009 à 08:36

      @Aer,

      Bon, prenons mon cas, puisque je le connais bien. J’ai 23 ans, BAC +3 et un DEUG (oui je sais ça apporte rien sur un CV, bande de chacals !). Je suis sans emplois depuis le début du mois. Je n’ai droit, vu mon âge et mon peu d’expérience (bah non, je n’ai pas travaillé pendant 2 ans ces trois dernières années), à aucune aide sociale. Je précise que j’ai fait une formation ultra sélective (1300 candidatures pour 28 places), et que j’ai une quirielle de stages et de petits CDD à mon actif : mais je galère comme un porc pour trouver un emploi.

      Alors en attendant, je fais un truc super cool, qui, même si ça me rapporte pas des milles et des cents, me fait grave plaiz’ : de la lecture de scénarios.

      Donc ok, j’ai pas le BAC +5 correspondant à la filière top moumoute du moment, mais j’estime faire preuve d’une grande polyvalence, de compétences, de « motivation » (ha ha ha que c’est con ce mot). J’ai l’habitude de faire mes heures supp’ sans rechigner, sans qu’on me le demande et sans que ça me fasse « gagner plus ». Pour moi, le SMIC c’est le nirvana. D’un point de vue managerial, je suis bankable, je suis un bon esclave, souriant, plein de bonne volonté, avec une bonne dentition et un bon carnet de santé. Et quand je regarde autour de moi, je vois mes potes ingé qui galèrent aussi pour trouver un boulot qui exploite leur compétence (bah ouai, ça fait mal de se retrouver technicien informatique après 5 années d’études en physique appliqué…) et qui parlent, depuis quelques mois qu’ils sont au chômage, de partir en Chine ou au Japon. Je connais aucun jeune assisté dans mon entourage, qui se laisse aller, qui profite du système. Tout juste ais-je vent d’une ou deux personnes qui dépriment chez leurs parents.

      Donc le coup des jeunes assistés qui veulent pas bosser, le prochain qui me le ressort, je lui sort la glotte par le trou du cul.

      Quand à la gestion des ressources, oui je suis d’accord avec toi. Pas mal de jeunes dépensent leur tune n’importe comment. Mais ça n’a jamais été mon cas. Hors logement, je vis avec 200-250 euros par mois. En même temps, vu l’hyper-inflation qui pointe, à l’horizon de la reprise économique (probablement 2011), ce serait pas non plus trop débile de caser vos grosses dépenses l’année qui arrive. En terme de matières premières, les gars, observez les cours de la bourse : tous les indicateurs des matières premières sont à la hausse depuis deux semaines : or, pétrole, argent, paladium, etc. Le dollars baisse, les actions et obligations ont le cul entre deux chaises. Perso, le climat financier actuel me dit vraiment rien de bon. Il se pourrait que la nouvelle bulle financière éclate plus vite qu’on le pense, peut être même n’est-ce qu’une affaire de mois ou de semaines. Et ça signifierai… une autre crise financière 2008 … puissance 10. Tout s’écroule. Paniques, faillites, famines, guerre civile.

      La fin du pétrole est proche mes amis ! Plantez des choux ! Venez à la campagne !

      P.S. Travail, relation foireuse, WoW, DoTA, Isaac Asimov … j’avoue avoir été très pris ces derniers temps. Je fais une note bientôt, promis !

  11. 13 Tama
    novembre 24, 2009 à 17:24

    Aer : euh…quel point de vue ? J’ai relu mon commentaire, il y a deux paragraphes, je ne vois pas contre lequel tu t’insurges.
    Je suppose que c’est le deuxième, et je suppose (je suppose grave aujourd’hui) que c’est une question de sensibilité et d’expérience personnelle. La mienne fait que je ne vois pas particulièrement mon avenir d’un très bon œil…

    Après…

    « un chômeur avec son bac (voir sans) et une personne ayant fait des études supérieurs, ça change déjà la donne. Une personne avec bac+5 est au chômage du faite du manque de place, une personne avec un simple bac est au chômage parce qu’entre tirer des palettes et récurer des chiottes c’est pas bézef »

    C’est sur qu’il y a une différence…mais une fois que toutes ces personnes se retrouvent à se lever à 4h du matin pour partir bosser à l’usine, je ne sais pas si il subsiste quoi que ce soit de ces différences. Le parcours est différent, mais le résultat est le même, non ?

  12. décembre 9, 2009 à 18:14

    Oui Tama, je parlais du deuxième, c’est quelque chose que j’apprécie peu ce coté « la vie est trop dur, bouh bouh », on en chie tous plus ou moins, et c’est peut être idéaliste et con mais j’ai foi dans le lendemain.

  13. décembre 9, 2009 à 19:02

    Tout dépend de ce que tu appelle avoir foi dans le lendemain. Si c’est penser que tu pourras être heureux, ce n’est ni con, ni idéaliste. A mon humble avis c’est même le meilleur moyen pour que ça se réalise.
    Ensuite si c’est penser que la situation financière du pays ira en s’améliorant dans les décennies à venir, là par contre… ^^’ Enfin, je ne dis pas que c’est impossible, par contre avoir foi dans cela me semble plutôt hasardeux.


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